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Faërie

Auteur : Raymond Feist

Edition : Milady, 626 pages

Pourquoi j'ai acheté ce livre ?

A l'époque de l'achat j'aimais beaucoup l'héroic-fantasy ... Je ne sais pas pourquoi je commence comme ça car j'aime toujours actuellement l'héroïc-fantasy avec ses dragons, sa magie, ses héros ordinaires aux pouvoirs extraordinaires. Seulement, à l'époque donc, je commençais à me lasser de ce que mon fournisseur "officiel" (France Loisir) proposait et c'est pourquoi je suis allé voir ailleurs, à Hisler-Heaven pour les messins qui connaissent. Ce n'est pas facile de trouver un bon livre d'héroïc-fantasy car le genre, bien qu'à la mode, n'est pas tellement "in". Résultat : le rayon est trop souvent mélangé à la science-fiction et, surtout, est bien pauvre. Du coup il est difficile de savoir si ce qu'on achète est une oeuvre complète ou aura une suite. Or je n'aime pas trop acheter un livre dont la suite sortira "plus tard" car quand effectivement elle est disponible, je ne me souviens plus du début. Bref, j'achète un peu au hasard, un peu en regardant les titres, la quatrième de couverture, l'image. Et là, un livre visiblement "complet" dans le rayon fantaisy qui a pour thème le folklore celtique, j'ai sauté dessus. Rien que pour le thème, bien original.

L'histoire

L'histoire est simple, mais il est difficile de la résumer sans en trahir quelques secrets. Donc merci de ne pas trop regarder à la qualité de ce qu'il y a en dessous.

Pour se mettre au vert et, ainsi, avoir plus de temps pour travailler sur ses scénarios de télé, un écrivain s'exile volontairement avec bagages et famille (2 fils, une fille) dans une petite ville, sur une propriété très charmante. Seulement voilà : les fils font des rêves étranges, la fille se perd dans les bois et un "vieux" raconte à qui veut l'entendre des histoires étranges qui se seraient passées dans cette propriété.

Critique

Le point essentiel c'est que ce n'est pas un livre d'héroïc-fantasy ! Comme le classement l'indique, c'est un livre fantastique. En gros, je me suis fait avoir car ce livre était rangé dans un mauvais rayonnage. Je vais donc l'analyser en tant que tel, c'est-à-dire en tant que livre fantastique dont je ne suis pas a priori fan.

L'histoire tout d'abord. Elle est sympathique à souhait. La tension monte lentement, très lentement mais inexorablement. Alors que "d'habitude" on est vite plongé dans l'intrigue et il y a plus ou moins de rebondissements, là on a véritablement l'impression de s'enfoncer peu à peu dans un véritable sable mouvant. Chaque scène, chaque chapitre, chaque partie, apporte sa petite pierre à l'édifice pour en faire, finalement, quelque chose d'assez étouffant et notamment pour les scènes de la fin qui concernent les enfants (mais là c'est sûrement ma sensibilité de père qui joue).

Au niveau de la mythologie celte là, je dois bien avouer que je ne m'y connais pas assez (en fait pas du tout) pour pouvoir distinguer ce qui sort directement des histoires populaires de ce qui est adapté à ce livre pour l'occasion. D'une certaine manière c'est dommage, mais d'un autre côté on ne peut pas non plus demander aux romancier de systématiquement inclure les quelques histoires dont ils se sont inspirés ... Il n'en demeure pas moins que sur ce point de vue, on ne peut qu'être agréablement satisfait : les petits êtres mystérieux celtes sont très différents d'aspects, de pouvoir et de but des orcs, gobelins, nains et elfes !

Comme il s'agit d'un livre fantastique, il est normal que les personnages ne soient pas trop développés car ce qui compte surtout, c'est l'ambiance. Une ambiance créé par "quelque chose" d'inconnu, "quelque chose" qui rôde, "quelque chose" que nous, lecteur, voyons par bribe sans savoir exactement ce qu'il est et ce qu'il pense. Et de ce point de vue, l'ambiance, la "mise en angoisse" est très bien rendue. Je me souviens m'être un peu ennuyé au début, avec les personnages creux et une histoire qui n'avançait pas, mais que plus ça allait, plus elle prenait sur moi. Certaines scènes de la fin étant véritablement insoutenables.

Enfin, parlons un peu du style. C'est un livre fantastique donc qui est là pour le mystère, pour mettre un peu d'angoisse, d'inconnu, autour d'un phénomène ... fantastique. Alors bien sûr, tout ce qui est fantastique n'est pas forcément angoissant, mais là ça l'est, un peu comme "les oiseaux" d'Hitchcock. Alors l'histoire zappe à droite à gauche entre la vie réelle de ce couple et les "mystérieux habitants" de la région. On se laisse facilement embarqué et comme les personnages réels sont vraiment peu nombreux, c'est vraiment facile à lire. Il n'y a guère que les deux fils pour lesquels j'ai eu un peu de mal à associer "nom" à "caractère" car ils sont jumeaux et font tout ensemble. Quant aux êtres fantastiques, cela doit certainement aider de connaitre un peu la mythologie celte, mais en tout cas moi, ça ne m'a pas perturbé.

Mon opinion

J'ai pas aimé, j'ai aimé, j'ai pas aimé, j'ai aimé ... Difficile à dire. Le gros problème de base est que je m'attendais à quelque chose d'autre, à de l'héroic-fantasy.

Pourquoi je n'ai pas aimé d'abord. Parce que c'est du fantastique. Je m'explique : ce n'est pas que je veuille absolument toujours lire de l'héroïc-fantasy, mais l'héroïc-fantasy a cet avantage que l'univers entier et tous les personnages sont inventés du début à la fin. En d'autres termes, ce n'est pas crédible. Le fantastique, en revanche, non seulement s'inscrit dans une époque contemporaine mais, en plus, pourrait être vrai à un détail près. Et c'est un peu cela qui me gêne : je lis des romans pour m'évader, je ne veux pas replonger dans cette vie quotidienne, surtout quand des jeunes enfants vivent des expériences angoissantes, surtout quand je ne l'ai pas choisi.

Je ne l'ai pas aimé ensuite parce que je trouve la fin un peu maladroite. De mon point de vue c'est un vrai deus ex machina qui permet de finir l'histoire parce qu'elle était allée vraiment trop loin et qu'il était impossible de la boucler de manière cohérente ... cohérente version fantastique. C'est un peu dommage d'autant plus que, vous l'aurez remarqué, je suis assez sensible sur les "fins" d'histoires.

Mais j'ai bien aimé parce que la mise en pression était véritablement excellente. Juste ce qu'il faut. Au début j'ai cru que c'était trop lent mais en fait non : c'était juste la bonne vitesse. Lent du début à la fin, mais toujours sur le même rythme et toujours aussi inexorable. Au début cette vitesse suscite de l'impatience mais peu à peu elle provoque tension puis angoisse.

Enfin j'ai bien aimé parce que la mythologie celte, je ne connaissais pas et cette originalité me plait.

Finalement, c'est un livre que je n'aurais certainement pas acheté si j'avais su que c'était du fantastique et non de l'héroïc-fantasy. Du moins à l'époque. Maintenant que je cherche un peu autre chose, peut-être, je dis bien "peut-être" que je l'acheterais et le lirais. Mais cela ne serait pas une priorité car bien qu'au niveau fantastique, l'angoisse soit excellement rendue, la fin n'est pas à hauteur du reste.