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Qu'est-ce qu'une vie réussie ?

Auteur : Luc Ferry

Edition : le livre de poche (numéro 30244), 532 pages

Du même auteur :

Pourquoi j'ai acheté ce livre ?

Comme souvent chez moi, les livres s'achètent en cascade. Il traînait chez mes parents un livre Apprendre à vivre (2), la sagesse des mythes alors même que j'étais en train (ou sur le point) de lire "Les mémoires de Zeus". Quelle coïncidence ! Et en plus, en tant qu'enseignant le nom de Luc Ferry ne m'était pas inconnu puisqu'il s'agit d'un ancien ministre de l'éducation. Un des rares pour lesquels, a posteriori, il n'y a pas trop à critiquer. Peut-être est-ce pour cela qu'il n'est pas resté longtemps à son poste ? Mais je m'égare. Je vois donc ce livre, j'aime la mythologie, je connais (de nom uniquement) l'auteur, il ne m'en faut pas plus à une époque où je cherchais autre chose que de l'héroic fantasy. Sitôt de retour à la maison, un petit tour sur amazon et me voilà non seulement avec les deux tomes Apprendre à vivre mais en plus avec Qu'est-ce qu'une vie réussie ?. Et j'ai commencé par ce dernier.

Le contenu

Comme l'indique le titre, le traité consiste à exhiber un critère, une méthode, une façon de réussir sa vie. La réponse, d'après Luc Ferry est à trouver dans la philosophie dont le but principal est le "salut". Le "salut" n'étant pas à prendre ici avec un sens religieux. La présentation est très construite :

  • partie 1 : "Réussir sa vie : les métamorphoses de l'idéal" permet de bien poser le problème et de faire un très rapide tour d'horizon sur les différentes réponses que l'histoire a apporté à cette question
  • partie 2 : "Le moment Nietzschéen ou la vie réussie comme la plus « intense »" développe la philosophie du matérialiste Nietzsche et quand on ne le connaît pas, ça décoiffe !
  • partie 3 : " la sagesse des anciens ou la vie en harmonie avec l'ordre cosmique" explique comment les grecs pensaient "la vie réussie"
  • partie 4 : "L'ici-bas enchanté par l'au-delà" montre quant à elle comment la religion (surtout chrétienne) envisage le salut et la vie réussie
  • partie 5 : "Un humanisme de l'homme-dieu. La vie bonne comme vie en harmonie avec la condition humaine" permet de présenter la synthèse et, finalement, le point de vue de Luc Ferry

Critique

Etant donné mon niveau en philosophie disciplinaire (quasi nul), je ne saurais critiquer le fond de ce traité : Luc Ferry présente-t-il les autres philosophes de manière honnête ? N'extrait-il de leurs oeuvres que certains aspects non représentatifs ou, au contraire, arrive-t-il à en saisir et à en faire passer l'essence de leurs pensées ? Je ne pourrais pas le dire.

En revanche, en tant qu'esprit curieux et (me semble-t-il) ouvert, j'ai appris beaucoup de chose à la lecture de ce livre. Une lecture ardue, certes, mais qu'on est content, finalement quand elle se termine. Pas parce qu'"enfin ! c'est fini !" mais parce qu'on a vraiment l'impression d'avoir avancé dans sa tête. Par exemple je n'ai jamais été très croyant mais sans trop savoir pourquoi si ce n'est que mon côté scientifique "demande des preuves" que la religion refuse par principe de donner. Eh bien Luc Ferry, athé avoué, présente la religion et son apport (indéniable !) avec ses avantages et ses inconvénients de telle sorte que cela m'a permis, moi, de mieux comprendre ce qu'au fond je reprochais à la religion. Et à côté de cela, il y a ces différentes philosophies (ahh, Nietzsche) qui sont présentés et que l'on pouvait (comme moi) ni ne connaître ni même en soupçonner la diversité ! Et même s'il n'y a aucune illusion à avoir sur le fait que ce traité n'effleure que la surface de la pensée de ces grands hommes, on peut être content, quand on n'y connait rien ou que l'on a tout oublié, de revoir consciencieusement quelques unes de ces philosophies.

Le style quant à lui est, il faut l'avouer, un peu compliqué. Ce n'est pas une volonté affichée par l'auteur qui, bien au contraire, essaie d'être le plus clair possible, mais l'emploi de terme techniques (injustement appelé péjorativement "jargon") ne facilite pas tellement la lecture. Il faut parfois réfléchir (et pas qu'un peu) au sens de la phrase : où le sujet ? le verbe ? que devient la phrase en enlevant les subordonnées ? Mais au fond cela ne fait pas de mal, après tout c'est un livre dont le but est d'apprendre quelque chose et il n'y a pas d'apprentissage sans un minimum d'effort. La seule chose que l'on pourrait regretter en tant que totalement novice en philosophie (ce que j'ai "appris" en terminale ne peut pas compter) c'est l'absence d'un tout petit glossaire à la fin faisant le point sur quelques mots (que je n'oserais mettre ici de peur de vous effrayer).

Mon opinion

J'ai bien aimé ce livre.

Déjà parce que le titre est une question que je me suis posée et qu'il apporte une certaine réponse, mais aussi et surtout parce que ce livre m'a ouvert les yeux, m'a fait comprendre des choses et m'a fait réfléchir. Il m'a ouvert les yeux sur les différentes façons de vivre sa vie et les différents but que l'on peut se fixer avant de mourir. Il m'a fait comprendre pourquoi, au fond, je rejette la religion chrétienne (bien que je la respecte - je préfère préciser on ne sait jamais). Enfin il m'a fait réfléchir pendant ces moments où on est seul face à soi : la nuit, quand inévitablement à la fin on se couche et que l'on ferme les yeux pour s'endormir.

Alors, "bien sûr", ce n'est pas un livre qui se lit comme du petit lait, et je n'ai pas d'inclinaison spéciale à le relire tantôt. En revanche, il m'a donné le goût à la lecture philosophique et, rien que pour ça, je dis "Chapeau bas, M Ferry". Alors si vous aussi vous êtes curieux, et que vous avez quelques connaissances en philosophie ou alors que quelques termes techniques ne rebutent pas, allez-y, lisez le, c'est très instructif. Mais au fond, je crois qu'il vaut mieux commencer (au moins) par le "''Apprendre à vivre - traité de philosophie à l'usage des jeunes générations''" qui se veut encore plus pédagogique et facile d'accès.