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Les rois maudits

Auteur : Maurice Druon

Edition : Plon

Détail des livres :

  • Le roi de fer, La reine étranglée, les poisons de la couronne (627 pages dont 21 pages de notes historiques + 21 pages de répertoire biographique)
  • La loi des mâles, la louve de France (522 pages dont 21 pages de notes historiques + 21 pages de répertoire biographique)
  • Le lis et le Lion, Quand un roi perd la France (509 pages dont 21 pages de notes historiques + 21 pages de répertoire biographique)

Du même auteur : Les mémoires de Zeus

Pourquoi j'ai acheté ces livres ?

Depuis que j'ai lu "''Les piliers de la Terre''" et "''Un monde sans fin''" j'avoue avoir un petit faible pour les romans historiques. Le problème c'est que ces livres parlaient de la vie "du peuple" (noblesse, clergé et bourgeois) en Angleterre et même si j'ai beaucoup aimé, ma préférence vers l'histoire de France qu'au fond je ne connais guère. Alors quand j'ai lu "''Les mémoires de Zeus''" de Maurice Druon et que j'ai vu que j'accrochais au style, je me suis dis : "Dès que je peux, je lis les rois maudits". C'était en vacances, j'ai cherché dans les librairies de touristes, et je n'ai pas trouvé (mais j'ai trouvé "''La révolution française''" et "L'âme de la France" de Max Gallo). Dommage. Mais une fois rentré, avec internet on trouve tout ce qu'on veut. Et voilà. Et j'ai fait exprès de choisir une édition regroupant plusieurs livres d'un coup parce qu'au fond je préfère.

L'histoire

L'histoire commence avec Philippe le Bel qui, pour trouver des fonds, s'arrange pour accuser et faire condamner l'ordre des Templier, ordre chrétien qui a encadré les croisades et qui détient de grands pouvoir et un immense trésor. Alors que le grand maître est sur le bûcher, celui-ci lance une malédiction sur treize générations à ceux qui l'ont amenés ici. Philippe le Bel, roi de France, est maudit.

Le roi de Fer commence naturellement par raconter la fin du "procès" contre les templier et la malédiction proférée par son grand maître, Jacques de Molay (qui est aussi le parrain de la reine Isabelle d'Angleterre, fille de Philippe le bel). Ensuite nous sommes plongés dans la sombre histoire de la tour de Nesle où les trois princesses royales (c'est-à-dire les brus du roi, rien que cela !) furent condamnées dont deux pour adultère avéré.

Dans la reine étranglée nous suivons les débuts de Louis X en tant que roi. Succéder au majestueux Philippe le bel n'est pas chose aisée quand on n'a pas l'âme d'un chef. Alors forcément, avec des finances vides, des conseillers qui pensent plus à eux qu'au royaume et une femme adultère dont on ne peut se débarrasser pour prendre une nouvelle femme, gouverner n'est pas facile. Surtout que l'hiver 1314 est particulièrement rigoureux. Surtout quand on sait que "le hutin" veut dire "le querelleur" ...

Comme le laisse suggérer le titre, dans les poisons de la couronne, il va être question de poison. Poison contre le roi Louis X dit le Hutin rien que cela ! Alors, c'est sûr, il va finir par mourir suite au poison, mais pas si rapidement que cela et il ne meurt pas sans laisser derrière lui quelque chose d'une importance cruciale : une femme enceinte.

Le roi Louis X est mort, son enfant n'est pas encore nait, il faut lui succéder ou, au moins régenter le royaume, voilà tout le problème exposé dans la loi des mâles. Car Isabelle d'Angleterre est la sœur de Louis X et peut donc légitimement prétendre au trône. C'est là qu'intervient la loi salique, celle qui interdit aux femmes de monter sur le trône de France. Mais Louis X a un fils, un futur roi, qui gêne bien des prétendants au poste de roi. Qu'à cela ne tienne, le poison marche aussi bien sur les rois en exercice que sur ceux qui pourraient le devenir.

Désormais c'est Isabelle, fille de Philippe le bel, arrière petite fille de saint-Louis, aussi appelée La louve de France vers qui vont se tourner tous les regards. Parce qu'elle même est en situation difficile avec son mari Edouard II, dont l'homosexualité notoire influence ses décisions. Elle s'arrange pour faire évader un prisonnier bien particulier : Roger Mortimer. Ce dernier va fuir en France et chercher de l'aide pour conquérir le trône d'Angleterre.

Dans le sixième tome, le lis et le lion, tout se mélange et tout commence. En Angleterre, il y a sur le trône Edouard III, le fils d'Edouard II, mais c'est Roger Mortimer qui a la régence. En France, il n'y a plus de roi, le dernier en date étant mort, et il n'y a plus de successeur direct. Il faut donc "remonter l'arbre" des ascendants pour voir qui peut prétendre au trône. Et dans la lignée de saint-Louis, il y a un prétendant direct : Edouard III, le roi d'Angleterre lui-même. La guerre de 100 ans peut commencer.

Dans le dernier tome, quand un roi perd la France, quelques années ont passé et de nombreuses batailles ont déjà eu lieu entre Français et Anglais. L'ensemble de cette histoire est raconté par un cardinal à son neveu lors d'un voyage. On y apprend notamment l'ensemble des erreurs que commet Jean II, alors roi de France et qui précipite la France dans la guerre et la défaite.

Critique

C'est un roman, ça se lit extrêmement bien et extrêmement vite. Le fait qu'il y ait à la fois des notes historiques et un répertoire biographique permet de ne pas perdre pied dans tous ces noms. Il faut dire qu'à l'époque, dans la famille royales, tout le monde s'appelait Louis, Philippe ou Charles, ce qui ne facilite pas forcément la compréhension des intrigues ...

Si le roman a un but avant tout de divertissement, on ne peut pas dire que celui-ci en particulier ne pense pas non plus à élargir notre culture. C'est louable, c'est même très agréable. Mais, encore une fois, on peut regretter que ça n'aille "pas assez loin" car il manque au moins une chose importante : une carte de la région (France ou Europe, à voir) avec les principaux lieux, les principales régions. Si on sait où se situent Poitier, Avignon ou la Bourgogne, il n'est pas sûr que tout le monde sache où on peut trouver Navarre, l'Artois ou Maubuisson ... Après, c'est vrai qu'il aurait pu suffire d'une page pour expliquer rapidement la différence entre duc, marquis, comte, ... c'est-à-dire la hiérarchie royale, mais c'est au risque de ne plus en finir ... De même, un bon arbre généalogique aurait permis de s'y retrouver parmi tous ces Charles, ces Philippes, ces Blanches, ...

L'ensemble du style est clair : on saute d'un personnage à l'autre, on suit les idées de tous, les plans qu'ils échafaudent, on voyage d'un pays à l'autre, bref on suit tout et tout le monde et on n'est pas perdu en tant que lecteur. Alors, bien sûr, par rapport au paragraphe précédent, c'est vrai que pour ne pas être perdu il faut faire un peu d'effort de lecture (se reporter aux notes de lecture, aux biographies) mais cela n'est pas gênant. Il est à noter que le dernier tome, "Quand un roi perd la France" est très particulier puisqu'il est entièrement écrit à la première personne étant donné qu'il s'agit du récit fait par un cardinal à son neveu lors d'un voyage. C'est déroutant au début mais, finalement, c'est encore plus facile à suivre puisque cela se veut un exposé à un tiers qui est, de fait, bien plus didactique qu'un récit à la troisième personne. On en perd juste l'omniscience du narrateur. Quoiqu'en tant que cardinal, le narrateur avait accès à de très nombreux secrets.

La principale critique légèrement négative que je ferais, c'est que ces livres sont trop bien. J'entends par là qu'on les lit, on est plongé dedans et finalement, on en oublie que ce sont des romans. Où s'arrête l'histoire, où commence le roman ? Voilà les questions que je me pose, finalement, après avoir lu ces livres. Jean le 1er est-il mort empoisonné ou non ? Et le Hutin, son père ? Ne parlons pas de la mort d'Edouard II qui, en fait, n'est pas encore tranchée quant aux modalités. Bref, si on ne connait pas déjà les faits historiques, on peut, à la lecture de ce livre, prendre pour vrai ce qui ne sont que des théories et c'est un peu gênant quelque part.

Mon opinion

J'ai été ravi de lire ces livres ! C'est vrai que de toute façon on apprend plein de choses, Philippe le bel, Isabelle de France, Robert d'Artois, ... Des noms plus ou moins connus, plutôt moins que plus. Et pour moi qui aime l'histoire mais sans être passionné, c'est-à-dire pour moi qui ne m'y connais pas trop en histoire, j'ai appris beaucoup de choses.

Après, c'est vrai que j'ai un peu le regret de ne pas m'y connaitre suffisamment pour savoir distinguer le vrai du romancé (et non pas "le vrai du faux") mais je ne désespère pas avoir un jour plus de connaissances et une vision plus large de l'histoire de France pour relire encore plus à profit ces livres. Peut-être un jour, donc.